Cod QR
Avatarul lui Souha Tarraf

Souha Tarraf

Tripoli - LIBAN

Gravatar Wordpress Je fus chercheure en sciences sociales. De ce passé simple je me suis composée une autre route, en passant de l'autre côté de la barrière. Observatrice et citoyenne à la fois, j'ai abandonné la posture objective du "nous" que l'on dit scientifique pour passer à un "je" évidemment subjectif, évidemment plus risqué mais libérateur! J'ai vécu durant quelques années au sud du Liban, la région dont je suis originaire, je vis depuis plusieurs années au nord (après le Sénégal, mon pays de naissance et la France, mon pays de formation universitaire). Je suis donc à la fois du nord et du sud, je suis de tout le Liban. C'est mon pays dans ses paysages beaux et souvent blessés (délaissés ou agressés) et ses sociétés compliquées, compartimentées! Je suis de toutes les confessions qui le composent mais j'en revendique une seule possible, la principale, libanaise. Et si j'ai compris une seule chose à ce pays, c'est une "chose" majeure: dans ce territoire minuscule (10.000 et quelques km2) les habitants ont appris en partie grâce à leurs dirigeants à ne pas ressentir les événements qui se passent à travers leur pays de la même manière. Comme si nous étions encore en période de guerre, chacun vit et défend sa région face à l'autre. Et tant que ce qui se passe là-bas ne perturbe pas le quotidien immédiat ici, eh bien la vie continue! Comme si…? Ma conviction est que nous ne sommes pas sortis de la guerre -"système de vie", tel que l'a montré l'historien Ahmad BEYDOUN dans ses écrits. Au final, le Liban tout entier a développé une sorte d'éprouvante bi-céphalie, communément diagnostiquée par les termes de 8-mars et 14-mars. Ces termes consacrés ont recouvert plusieurs niveaux de fractures (sunnite/chiite) et d'allégeances (pro-Iran, pro-Arabie Saoudite, pro-Russie, pro-USA), ils sont en train d'achever d'épuiser le pays et ce qui y reste d'énergies et de volontés civiles. J'essayerai de suivre les expressions et les canaux de la construction d'une citoyenneté libanaise possible. Mon but ici est, essentiellement, de permettre de mieux comprendre la vie de tous les jours des gens au Liban, un pays bourré de contradictions, c'est le moins qu'on puisse dire! Un pays où le clientélisme confessionnel continue d'empêcher l'édification d'un Etat aux bases solides, laïques ou du moins non communautaires; où la corruption, endémique, est devenu un réflexe maladif. Un pays où les incivilités de toutes sortes se développent dangereusement. From Lebanon with... my words. * Depuis ce "vibrant" playdoyer pour un Liban des gens détaché des griffes des patrons politiques mafieux, des années ont passé, des attentats et des épisodes de guerres "contenues" ont eu lieu, et plus d'un million de Syriens sont venus se réfugier comme ils pouvaient, fuyant la guerre et les destructions. Désillusions. Impasses. Découragement. Je me suis détachée y compris physiquement de ce pays qui aurait pu être mien. Où je n'arrivais plus à me "situer" ni à m'inscrire dans des expressions de "luttes" (vraiment) démocratiques, au nom d'une citoyenneté introuvable. Amarres larguées vers un autre ailleurs, un retour en France qui m'ouvre à la préoccupation humaine centrale de ce début du 21ème siècle: les migrations de population (notamment) vers l'Europe et les possibilités et difficultés de leur insertion, dans un contexte très sombre (montée de mouvances nationalistes et xénophobes) du Liban à la France, du Moyen-Orient en feu à l'Europe en décomposition. Et si la poésie s'invite de temps à autre dans ce "topo" - elle le fera comme il lui plaira, pour aider à retrouver le lieu "ultime" de l'âme. Souha TARRAF English version: I am a researcher in social sciences but I have jumped to the other side of the barrier: both as an observer and as a citizen, I don't have the objective posture of the scientific 'we' anymore. I run in a clearly subjective 'I', in a clearly riskier posture but... in complete freedom! I have lived a few years in the South of Lebanon, the region where I come from (after Senegal and France) and have been living for a long time in the North. So I am both a northerner and a southerner.... I am from Lebanon! It's my country with its nice landscapes, frequently injured (forsaken or wounded), and its intricately divided societies! I am from all the sects that constitute it but I claim to be from only one, the main one: the Lebanese. And if I have ever understood one thing in this country, it's a fundamental thing: within this very small territory (10.000 and a few km2) the residents have learned - partially thanks to their leaders - not to feel the events which take place in their country in the same manner. As if we were still in time of war, everyone lives and defends his region against the other. And as long as what takes place there doesn't disturb the instant everyday life here, well life goes on! As if we were still in time of war? I am convinced that we are still inside of it as 'a system of life', as the historian Ahmad BEYDOUN has shown in his writings. In the end, all of Lebanon has developed a kind of exhausting bi-cephalia (a double headed power), 8M and 14 M. These dedicated words have covered many levels of fractures (sunni versus shi'i) and of allegiances (pro-Iran, pro-Saudi Arabia, pro-Russia, pro-USA), they are currently finalizing the depletion of the country and what is left of its energies and civil wills. I will try to follow expressions and routes leading to the construction of a possible Lebanese citizenship. My aim is, essentially, to allow a better understanding of everyday life of the people in Lebanon, a country full of contradictions, this is the least we can say. A country where the sectarian clientelism keeps on preventing the erection of a state with a strong basis, secular or at least non-sectarian ; where corruption has become an epidemic, a sickly reflex. A country where all sorts of incivility and of discourtesy increase viciously. From Lebanon with... my words. Souha TARRAF Contact: libanderives@gmail.com

Conturi confirmate